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Pour la sérénité du monde

29 août 2017

Racisme et convulsions du monde : rien de nouveau sous le soleil

 

«Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion»,

 Nelson Mandela. 

 

 

Le monde va mal ! Il est manifeste que cet été a vu une recrudescence des attentats dans le monde, notamment au Mali, au Burkina Faso, aux Etats-Unis ( Charlottesville), en Espagne, en Finlande. Ceci sans occulter le désastre climatique qui s'est traduit en Sierra Leone par plus de 300 morts suite à des convulsions climatiques qui sont d'une certaine façon un terrorisme climatique. On l'aura compris: selon la latitude, les médias mainstream diffusent les informations en boucle ou les ignorent. C'est à se demander pourquoi cette accélération de la terreur de la guerre de tous contre tous. Ceci étant écrit, l'économie de ce texte portera sur l'ensauvagement du monde qui peut être le signe avant-coureur d'une débâcle planétaire. Nous allons pointer du doigt un dénominateur commun à tous ces crimes. Je veux parler du racisme en prenant appui sur l'attentat de Charlottesville. 


Charlottesville: un marqueur du racisme 

 

Un rassemblement de suprémacistes blancs à Charlottesville a tourné au drame. Un homme a lancé sa voiture sur une foule de contre-manifestants et blessé une vingtaine de personnes. Une jeune femme venue protester contre le racisme est morte. Le conducteur a été arrêté et inculpé pour «meurtre au second degré». Le FBI a annoncé qu'il ouvrait une enquête sur les circonstances de cet incident. Accusé d'être resté silencieux après les violences qui ont secoué la ville de Charlottesville, le président américain a changé de ton en dénonçant «des criminels» et en affirmant que «le racisme, c'est le mal». Dans une déclaration faite à Washington, Donald Trump a condamné la haine, la violence et le sectarisme de groupes comme le KKK et les suprémacistes blancs (en omettant l'alt-right). Le président des Etats-Unis a également rappelé la déclaration des droits, «nous tenons cette vérité comme allant de soi : nous sommes tous égaux», tout en condamnant le racisme. Il a ensuite déclenché une vague d'indignation à travers les Etats-Unis, mercredi 16 août, en affirmant de nouveau que la responsabilité des violences qui ont secoué Charlottesville, en Virginie, devait être recherchée «des deux côtés».     

 

     Lors d'une conférence de presse chaotique à la Trump Tower à New York, Trump a assuré que parmi eux «se trouvaient des gens bien». Selon lui, ils étaient venus protester «pacifiquement» contre la destruction de la statue du général confédéré Robert Lee. Et pour les défendre encore un peu plus, le président américain a osé une comparaison plus que douteuse. «Allons-nous détruire les statues de George Washington et Thomas Jefferson parce qu'ils étaient des propriétaires d'esclaves?», s'est interrogé le président. (…) Les propos présidentiels ont été immédiatement salués par David Duke, un ancien dirigeant du Ku Klux Klan, qui était présent à Charlottesville samedi. «Merci, président Trump, pour votre honnêteté et votre courage», a-t-il écrit sur Twitter, louant le locataire de la Maison-Blanche d'avoir «dit la vérité» et dénoncé «les terroristes de gauche» (1)


Les réactions 

 

Naturellement les protestations hypocrites fusèrent de partout : «Nous devons êtres clairs. La suprématie blanche est répugnante. (…) Il ne peut y avoir aucune ambiguïté morale», a écrit sur Twitter Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants.   Pourtant une déclaration lucide qui tranche avec les déclarations hypocrites des médias et des hommes politiques est celle du Bureau National de l'Union Juive Française pour la Paix UJFP sous le titre : «Antisionisme antiraciste non, néonazisme sioniste oui ?» nous lisons : «Trois morts et une vingtaine de blessés.        C'est le sinistre bilan de la haine raciste décomplexée qui s'est donnée à voir en toute impunité à Charlottesville, dans cet État de Virginie encore marqué par l'héritage ségrégationniste. A l'origine de ce rassemblement, la décision acquise de haute lutte de faire tomber la statue du général confédéré Robert E. Lee, père spirituel des nostalgiques des plantations et de l'ancien ordre racial. » (2)

 

 « Toute la «alt-right» (droite alternative), ainsi pudiquement nommée par les médias conservateurs américains pour mieux en masquer le néonazisme et le relativiser, s'y était donnée rendez-vous vendredi soir et samedi dernier. Défilé nocturne à la lumière des torches, les mêmes que celles utilisées pour aller chercher les Noirs et les pendre, à une époque pas si lointaine. Chants négrophobes («Nègres, retournez en Afrique !») et antisémites («Juifs, vous ne nous remplacerez pas !). Claires références au national-socialisme allemand, avec la reprise enthousiaste du slogan «Blut und Boden» (sang et sol), les saluts nazis ponctuant régulièrement le rassemblement et le nombre considérable de brassards à croix gammées. (….) Et pourtant, malgré la légitime émotion suscitée par les vies fauchées à la marge de ce rassemblement, malgré la colère provoquée par cette démonstration de racisme à visages découverts, malgré l'antisémitisme avéré des manifestants, silence radio du côté des autorités israéliennes et des organisations juives sionistes européennes et françaises. (…) On ne pourra éviter de remarquer le silence incroyable du CRIF et des organisations juives sionistes européennes habituellement très promptes à hurler à l'antisémitisme devant chaque manifestation BDS dans le monde. Faudra-t-il en conclure qu'antisionisme et antiracisme sont condamnables et que le sionisme même sous ses formes les plus agressives et antisémites non ? (…) Nous manifestons notre plus profond mépris pour les combines des dirigeants sionistes qui, partout dans le monde, y compris à la tête des gouvernements français et européens, ferment les yeux sur les démonstrations antisémites les plus barbares quand cela les arrange, plaçant leur agenda politique au-dessus de toute autre considération». (2) 


Les pourvoyeurs du terrorisme 

 

Quel est le dénominateur commun de toutes ces tueries inexcusables ? Sans se tromper de beaucoup, on peut incriminer plusieurs facteurs dont le plus important est le manque d'éducation quelle que soit la latitude, le manque de civilité, l'endoctrinement. Les mots de Mandela sont là pour nous informer que d'un enfant on peut faire un criminel potentiel ou un savant au service de l'humanité.  Un autre facteur indirect est la prolifération des armes de destruction individuelle du fait d'un marché des armes florissant fait qu'il est facile de se procurer toutes les armes que l'on veut. Il suffit d'y mettre le prix. On le voit avec les expositions des armes comme celle du Bourget. La facilité de tuer est la chose la mieux partagée. A côté des drones reapers, des f16, des mig, des mirage, des bombes sales, il existe la panoplie du terroriste qui peut faire beaucoup de dégâts avec un canif, une voiture bélier, une ceinture explosive, une kalachnikov, d'autant qu'ils sont démultipliés par les médias. Un mort en Occident c'est 100 morts dans le reste du monde. 

 

Le dernier attentat de Paris, curieusement, n'a pas été commenté par les médias devenus aphones. David (c'est son nom) écrase sa voiture contre une pizzeria.  Il a tué une adolescente et blessé 12 personnes le lundi 14 août. Le gouvernement nie immédiatement le caractère terroriste mais parle d'un déséquilibré. Pourquoi ne parle-t-on pas de terrorisme comme pour les terroristes dits islamistes ? Dans le même ordre il y a une semaine, le même mode d'emploi que celui de Charlottesville et de Barcelone. C'est à se demander au nom de quoi ces tueries sont opérées et qui en sont les commanditaires ? On a parlé jusqu'à plus soif de l‘idéologie salafiste mortifère qui donne une image désastreuse de l'Islam mais personne notamment en Occident ne va jusqu'à dire que le terrorisme qui s'épanouit sur un terreau de misère, de mal-vie est aussi une création des services occidentaux qui ont toujours deux fers au feu ; d'un côté ils bombardent ceux qu'ils accusent de terrorisme et de l'autre ils les ravitaillent ! 

 

Les fondements du racisme: superstructure des peuples 


Un dénominateur commun à ces actes terroristes est la certitude qu'on appartient à la race supérieure à la religion supérieure et comme le martelait Claude Guéant, les civilisations ne se valent pas et même Berlusconi pour qui la religion chrétienne est la meilleure. Comment peut-on définir le racisme, plaie qui existe depuis que le monde est monde et que l'on peut définir selon l'encyclopédie Wikipédia, «le racisme est une idéologie consistant à hiérarchiser des groupes naturels humains, désignés souvent sous le terme de «races», à partir d'attributs naturels, visibles ou non (physiques, psychiques, culturels, etc.) des caractéristiques morales ou intellectuelles s'appliquant à l'ensemble de ce groupe.   Cette idéologie peut entraîner une attitude d'hostilité systématique à l'égard d'une catégorie déterminée de personnes. Ces actes d'hostilité se traduisent par la discrimination, une forme de xénophobie ou d'ethnocentrisme ». (3) 

 

Le racisme est pour ainsi dire consubstantiel de la nature humaine ; au nom du racisme il y a eu l'esclavage et beaucoup de peuples y ont participé notamment les Arabes. Il y a eu la traite des Noirs, le code noir, le code de l'Indigénat. Nous allons traiter à travers quelques cas comment l'Europe développe, contrairement aux autres peuples et nations, un double discours : celui des droits de l'homme, de l'Habeas Corpus, des droits de l'homme et du citoyen et en même temps dans ce XXIe siècle, elle continue à laisser faire des actes racistes insidieux, voire elle entretient par des mécanismes invisibles cette barrière invisible qui existait entre le colonisé et le colon, entre le beur, le Noir des anciennes colonies devenus Français, mais toujours avec ce plafond de verre qui obère tout leur avenir. S'il est vrai qu'au XIXe siècle les chantres des races supérieures tels que Arthur de Gobineau (De l'inégalité des races) Renan et Joseph Chamberlain en Angleterre entretenaient avec conviction le filon du racisme, Jules Ferry n'est-il pas allé jusqu'à proclamer à l'Assemblée que «les droits de l'homme ne sont pas applicables dans nos colonies». (3) 

 

D'où viendrait cette certitude des colonialistes d'appartenir à la race des élus. Il faut remonter, comme le décrivent Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, à la conquête coloniale et au «devoir de civilisation». On imagine mal aujourd'hui, écrivent-ils, le nombre des exhibitions des «indigènes» et la variété des lieux où étaient reconstitués des «villages nègres» ou donnés des spectacles ethniques, entre les années 1850-60 et 1930. Ces exhibitions contribuaient à diffuser dans le public cette vision de l'indigène comme un être fruste, mal dégrossi, encore proche de l'animalité. Oui, le sauvage existe ! Il s'agit de le «civiliser». En exhibant ainsi l'Autre, en infériorisant systématiquement des groupes humains, on creuse un fossé entre «eux» et «nous», confortant l'Occident dans son rôle de «guide du monde», de «civilisation supérieure».     

 

«Animaliser les conquis» ne permet-il pas de justifier la brutalité des conquérants ? Dans l'entre-deux-guerres, la distance entre «eux» et «nous» continue d'être montrée, mais aussi l'énorme travail accompli pour tenter de les civiliser. L'indigène est désormais plus souvent montré sous sa forme servile, il a quitté ses aspects les plus sauvages pour revêtir les atours du tirailleur, de l'artisan ou du travailleur au service de la plus grande France (1)» Cela va même plus loin. «Le langage du colon, quand il parle du colonisé, écrit Frantz Fanon, est un langage zoologique. On fait allusion aux mouvements de reptation du Jaune, aux émanations de la ville indigène, aux hordes, à la puanteur, aux pullulements, aux grouillements, aux gesticulations.  Le colon, quand il veut bien décrire et trouver le mot juste, se réfère constamment au bestiaire.» Tout un vocabulaire est mis à la disposition du colon et plus tard du Français bonne souche, bon teint.  Quand on parle des banlieues on parle de sauvageons, ou de racaille. On parle même de «jungle» s'agissant des clandestins de Calais, le terme bougnoul est plus ancien. (3) 

 

Au nom de la pureté de la race et du sang (limpieza de sangre : pureté du sang) qui nous vient de la Reconquista espagnole qui fit passer de vie à trépas plusieurs centaines de milliers de musulmans en leur faisant obligation de migrer vers le Maghreb. Qui est ostracisé ? C'est d'abord contre le colonisé le mélanoderme notamment aux USA où les braises du racisme esclavagiste sont toujours chaudes. Par extension ce sera l'Arabe ensuite se sera le racisme religieux» qui désigne l'islam comme le tiers exclus de la révélation abrahamique et naturellement comme corollaire il faut protéger au nom de la faute originelle qu'il faut expier ad vitam aeternam, l'Etat sioniste protégé par deux puissants boucliers : l'antisémitisme et depuis quelques temps l'antisionisme. 

 

Une atmosphère de veillée d'armes planétaire est en train de défaire l'humanité. Chaque peuple se replie sur ce qu'il croit être ses fondamentaux. Le ton est donné par la vieille Europe où s'épanouissent à qui mieux mieux des idéologies nationalistes basées sur la race.  La crainte surfaite du grand remplacement mis en équation par des Zemmour, Finkielkraut qui n'ont rien de Français de souche mai qui ne s'arrêtent pas d'appeler à l'exclusion des Français d'origine maghrébine agitant le spectre du grand remplacement qui apparemment fait des émules même aux Etats-Unis, à en croire Elon Musk pour qui le recours à l'immigration au lieu de relancer la natalité des populations de souche européenne est une imbécillité. 

 

Oui, il y a un terrorisme d'extrême droite. A-t-on oublié Anders Behring Breivik? On apprend que le terroriste d'extrême droite Anders Behring Breivik va saisir la Cour européenne des droits de l'homme. Il juge ses conditions de détention «inhumaines». L'auteur de la tuerie qui avait fait 77 morts en Norvège en 2011 purge une peine de 21 ans d'emprisonnement susceptible d'être prolongée indéfiniment. Anders Behring Breivik estime notamment que son isolement en prison, où il est détenu à l'écart des autres détenus, constitue une violation de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme. Après ce revers, Anders Behring Breivik avait saisi la Cour suprême, mais celle-ci a refusé d'examiner son appel, jugeant qu' «aucun des éléments de l'appel (...)n'a de perspective de gagner». » (4) 


La responsabilité diabolique des médias dans l'ensauvagement du monde 

 

La «valeur» de la vie selon la latitude. Pour rappel, les attentats tragiques de Boston du 15 avril 2013 qui ont fait 3 morts et plusieurs blessés sont révoltants comme sont révoltants les attentats de Gaza, Bagdad, Kaboul, Kirkouk. A des milliers de kilomètres de là, le même jour, des hommes perdaient la vie. Hichem Hamza met en parallèle le traitement médiatique des deux types de tragédies. Nous l'écoutons: «Ethnocentrisme. Les attentats commis en Occident suscitent davantage l'attention des médias audiovisuels que ceux perpétrés ailleurs. Dans les écoles de journalisme et la plupart des rédactions de la presse généraliste, une technique d'écriture est prescrite pour attirer le lecteur ou l'auditeur: il s'agit de la «loi du mort-kilomètre». En clair, selon les enseignants et les rédacteurs en chef qui en assument l'application, le «public» est censé s'intéresser aux décès selon l'éloignement géographique de l'événement. Cas pratique: 1 mort à 1 kilomètre ou 10 morts à 10 kilomètres pourraient ainsi, selon les praticiens de cette coutume, retenir particulièrement l'attention. (..) Une autre règle, non formulée explicitement et tout autant cynique, vient contredire cet usage: on pourrait la qualifier de «loi du mort occidental». Vu de Paris, Londres ou Washington, la mort brutale d'un Européen ou d'un Américain dans le monde sera toujours plus fructueuse à couvrir -aux yeux des responsables de l'information- que celle de dizaines de non-Occidentaux. «L'attentat» survenu à Boston illustre tristement cette pratique. Les chaînes d'information françaises ont réalisé des «éditions spéciales» afin d'en dramatiser le récit journalistique. 3 morts et plus de 130 blessés: pour les familles de victimes, le caractère tragique est indéniable. Mais pourquoi consacrer autant d'heures au sujet, alors que des centaines de citoyens sont fauchés, chaque année, par le terrorisme sans que BFM TV ou France 24 ne daignent leur consacrer un sonore de 10 secondes? (...)». Ce mardi, la correspondante d'I Télé et de Canal+ à Washington, Laurence Haïm, a évoqué, avec son style régulièrement partisan, une «Amérique confrontée à la guerre en Afghanistan» (notez le choix du mot «confrontée»), détestée par «une partie du monde au Moyen-Orient» et dont la société aurait connu, depuis le 11 septembre, une «israélisation» de son fonctionnement. Message en filigrane: les Américains comme les Israéliens se seraient habitués à une «menace terroriste» dont les protagonistes auraient implicitement le même profil extrémiste. Peut-être faudrait-il proposer à la journaliste-chantre de l'axe Washington-Tel-Aviv de partir en reportage à Bagdad afin de lui faire découvrir ce qu'est «l'irakisation» de la vie quotidienne».(5) 

 

Pour Oscar Fortin la tragédie de Boston doit nous inciter à la réflexion. Il invite à une évaluation honnête de la dimension humaine quelle que soit la latitude. «Lorsque les images nous arrivent tout droit des lieux où les victimes sont des nôtres, de nos proches, de ceux avec qui nous sympathisons, la douleur nous envahit et un cri de révolte se fait entendre pour condamner avec la plus grande énergie de telles horreurs. Tout ce qu'il y a d'humanité en nous se retrouve concentré sur ces victimes qui nous sont si près. (…) L'épiscopat national des évêques catholiques a aussitôt condamné pareil geste, ainsi que le Vatican. Le 15 avril 2013 sera également une autre date inoubliable pour les Irakiens, victimes de plusieurs attentats ayant fait plus de 50 morts et plus de 300 blessés. Il faut dire que cette nouvelle traverse moins les écrans de nos télévisions ou la une de nos grands quotidiens. Nous n'y voyons pas les corps déchiquetés des morts et le cri de désespoir des blessés. La douleur humaine y est pourtant révélée dans toute sa profondeur. Le secrétaire d'État du Saint-Siège n'a pas jugé bon de faire entendre les paroles réconfortantes du pape François. Plus de 50 morts et de 300 blessés, ce n'est pas rien. Le 15 avril 2013 sera, pour les Syriens, une autre date inoubliable. Un attentat suicide à la voiture piégée a fait 15 morts et 53 blessés dans la ville de Damas. Que de familles brisées, d'enfants morts ou laissés sans parents. Le secrétaire d'État du Vatican n'a pas jugé bon d'attirer l'attention du pape sur ces morts et blessés».(6) 

 

 

«Si la vie humaine doit être respectée, elle doit l'être à tous les niveaux. Il n'y a pas une vie humaine plus importante qu'une autre. Être pour la vie humaine, c'est l'être pour toutes les étapes par où elle passe. On ne peut pas être contre la violence et toutes les formes de terrorisme et être en même temps pour les guerres, les bombardements et toutes les formes de violence qui ont pour effets de détruire des vies humaines. (..) Le véritable humanisme est sans frontière et trouve son plein épanouissement dans la solidarité fondée sur la vérité, le respect, la justice et la compassion pour et à l'endroit de tous les humains de la terre.»(5). 

 

La fausse agression du RER D: l'Islam toujours coupable 

 

Pour illustrer les amalgames et la volonté délibérée de «faire porter le chapeau à l'Islam et aux jeunes des banlieues, tout est fait dans l'impunité la plus totale. On se souvient des coups de boutoir des ennemis de la paix par médias interposés. Souvenons-nous du feuilleton Marie L. Jeune femme qui déclare avoir été battue par les jeunes islamistes des banlieues. Comme lu sur le journal La Croix, «Marie L. a menti, inventé. La jeune femme de 23 ans qui avait déclaré s'être fait agresser vendredi 9 juillet dans le train entre Louvres et Sarcelles, en banlieue parisienne, a été placée mercredi 14 juillet en garde à vue où elle a reconnu avoir tout imaginé. Et fabriqué elle-même les marques de l'agression» (7). 

 

«Une perquisition menée le 14 juillet au domicile du compagnon de la jeune femme, à Louvres (Val d'Oise), a en effet permis de retrouver des ciseaux et un feutre-marqueur, avec lesquels Marie s'est coupée elle-même les cheveux et dessiné les croix gammées sur le ventre. «La mère de la jeune femme a souhaité que sa fille soit jugée mais aussi soignée, parce que «fragile». Fragile, la première dépêche de l'Agence France Presse (AFP) samedi 10 juillet, l'était aussi. À 19 heures 42, une dépêche titre sans ambiguïté «Ils agressent une femme et lui dessinent des croix gammées sur le ventre». «Les six agresseurs, d'origine maghrébine et armés de couteaux, ont coupé les cheveux de la jeune femme, [ ] avant de dessiner au feutre noir trois croix gammées sur son ventre». (7)

 

« Le chef de l'État y exprime son «effroi» et demande que les auteurs de «cet acte odieux» soient retrouvés. Ainsi lancée, la machine s'emballe. Après l'intervention du président, l'affaire prend un caractère national. Partis politiques, syndicats et associations, ainsi que la plupart des médias (lire éditorial), s'indignent et condamnent. Les déclarations de Marie L. sont prises pour argent comptant. (….) Au lendemain de la mystification, chacun cherche désormais à se justifier.  Néanmoins en prenant publiquement position sur cette affaire, les responsables politiques, au plus haut niveau de l'État, ont bel et bien accrédité l'affaire. Le 14 juillet, lors de son entretien télévisé, Jacques Chirac a qualifié cette affaire de «regrettable», ajoutant qu'il ne «regrettait pas» d'avoir si vite réagi pour condamner la fausse agression. Pour le chef de l'État, l'affaire du RER D est une «séquelle» du «mauvais climat en France».(…)» (7) 


Les manipulations de l´opinion 

 

Ceci nous rappelle une «autre affaire», celle de l´agression du rabbin Farhi : «...L´approche de la vérité tient parfois à un bout de tissu et à la qualité de son tissage. Depuis un an et demi, la juge Marie-Antoinette Houyvet essaie de reconstituer ce qui s´est réellement passé le 3 janvier 2003, aux alentours de 17 heures, dans la synagogue de la rue Pétion. Gabriel Farhi a-t-il été attaqué par un motard armé d'un couteau Laguiole, comme il le répète depuis le premier jour ? 

    Ou a-t-il monté une machiavélique mise en scène, peut-être avec l´aide de complices, comme se le demandent les enquêteurs?...En septembre dernier, un ingénieur textile commis par la juge assure que la déchirure en forme de Z faite par le Laguiole sur la chemise est «incompatible» avec les dires du rabbin.  Ce dernier a, en effet, toujours raconté que son agresseur ne l'avait frappé que d'un coup de couteau. Or, l´ingénieur a dû en donner trois, lors des tests qu´il a réalisés pour son expertise, pour obtenir ce Z sur son échantillon.  L'hypothèse de l´automutilation est donc confortée»(8). 

 

 

 

Le racisme et le nationalisme 

 

Pour illustrer les graves dérives des partis politiques, il ne faut pas croire que l'extrême droite en France qui fleurit de plus en plus, est une singularité en Europe. Aux Pays-Bas, en Autriche, ces partis ont pignon sur rue. Ainsi, le parti d'extrême droite allemand «Alternative für Deutschland» (AfD)est la version allemande du FN et son bréviaire « «Reprend possession de ton pays», scande la nouvelle affiche de campagne publiée par le parti d'extrême droite allemand. Formé en 2013, le parti s'est fait connaître du grand public la même année, en ne loupant que de 0.3% des suffrages l'entrée au parlement allemand. 

 

   Dirigé par Frauke Petry, l'AfD a enregistré un nouveau succès en 2016 lors des élections législatives régionales, en emportant 21.4% des voix en Mecklembourg-Poméranie occidentale. Le parti défend une ligne anti-migrants et considère les musulmans comme «un grand danger pour [l'] Etat, [la] société et [les] valeurs».  L'AfD devrait emporter 7% à 10% des voix lors des élections législatives du 24 septembre. Ce score pourrait l'amener à devenir le troisième plus grand parti au Bundestag, derrière l'Union démocratique chrétienne d'Angela Merkel et les sociaux-démocrates». (9) 


Conclusion 

Le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme et l'islamophobie sont des poisons pour nos sociétés, a déclaré le secrétaire général de l'ONU, António Guterres. En tant qu'Européen, il s'est dit fier des valeurs véhiculées par l'Europe des Lumières : «la tolérance, le respect de l'autre, l'importance de la reconnaissance de la diversité». «Et il est indispensable de pouvoir défendre ces valeurs et en même temps condamner toutes les formes d'irrationalité qui fragilisent actuellement ces valeurs, que ce soit aux États-Unis, ou ailleurs dans le monde», a-t-il ajouté. 

 

    Voilà pour les vœux pieux du grand machin, à en croire De Gaulle. La réalité est plus triste.  L'ensauvagement du monde est sur la bonne voie. Tout se passe comme prévu par les idéologues qui prennent leurs désirs et en font des réalités. Je veux citer entre autres Samuel Huntington avec son choc des civilisations, qui n'est pas comme je l'avais écrit naïvement un choc des ignorances. C'est une tentative délibérée de déchirer la trame du monde. Même si tous les attentats ne touchent pour le moment que le monde dit musulman ; Les nationalismes sont en train de faire voler en éclats les «valeurs» occidentales et on s'aperçoit qu'elles sont à géométrie variable.  Quand les pays sont en aisance, que les mélanodermes, les barbares bougnouls et autres bamboulas sont en petits nombre le corps social européen et occidental accepte les allogènes et se permet, bon prince, de parler de liberté, de droits humains. Ses droits de l'homme sont en fait une vaste fumisterie. 


   Souvenons-nous de Jules Ferry à qui on prête la sentence terrible : «Les droits de l'Homme ne sont pas valables dans les colonies». On s'aperçoit de plus en plus qu'une fois l'islam, les Arabes, les Africains laminés ( en terme de spoliation) la bagarre se fera entre eux, entre les pays dits riches pour l'accaparement de ce qui reste de matières premières, d'énergie…Dans tout cela un vainqueur : le néolibéralisme prédateur qui lamine les identités et les espérances. Un vaincu d'avance, à Dieu ne plaise, l'humanité si elle ne fait pas preuve d'un sursaut salvateur pour se réveiller de ce cauchemar qui l'amène à sa perte. 



Note :
1.http://www.lemonde.fr/donald-trump/article/2017/08/15 / charlottesville-trump-fait-marche-arrière-et-réaffirme-que-les-torts-sont-partagés_ 5172716_4853715.html 

 

2.http://www.ujfp.org/spip.php?article5803 

3.https://www.legrandsoir.info/L-Occident-et-les-autres-Chronique-d-un-racisme-ordinaire.html 
4.http://www.francetvinfo.fr/monde/norvege/proces-breivik/anders-behring-breivik-va-saisir-la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-sur-ses-conditions-de-detention_2227659.html 

5. Hicham Hamza http://www.mondialisation.ca/terrorisme-et-grands-medias-1-mort-a-boston-vaut-plus-que-100-a-bagdad/533180717 avril 2013 

 

6. Oscar Fortin http://www.mondialisation. ca/la-tragedie-de-boston-un-temps-fort-de-reflexion/533182317 avril 2013 

 

7.Solenn de Royer http://www.la-croix.com/Actualite/France/La-fausse-agression-du-RER-D-_NG_-2004-07-14-588908 

 

8.http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/19725-L%E2%80%99affaire-Marie-L.-et-l%E2%80%99antis%C3%A9mitisme-des-beurs.html8.http://www.20minutes.fr/insolite/2117767-20170816-allemagne-parti-extreme-droite-appelle-recuperer-pays-utilise-photo-mont-suisse 

 

Article paru dans : http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5248684

 

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

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26 août 2017

Alors que le Yémen se meurt Le monde "civilisé"

Alors que le Yémen se meurt

Le monde "civilisé" regarde ailleurs

 

 

 «Le Royaume des Sabéens se situe au Yémen. . Sa situation géographique et un climat qui favorisent le développement de leur civilisation. La reine  de Saba Balkis est décrite comme une belle femme, dotée d'une intelligence certaine et d'une grande sagesse. Fort cultivée. Elle décida de rencontrer Salomon. 3000 chameaux la suivent transportant de précieux cadeaux. Elle veut ainsi tester le désir et la sagesse du roi Salomon...»

 

C’était au bon vieux temps de l’Arabie  Heureuse   de l’encens et de  la myrrhe qui était transportée, depuis les lieux de production situés dans l'actuel Yémen , par les caravanes   de chameaux des  Nabatéens jusqu'à  Pétra  , à partir de laquelle elle était redistribuée dans tout le bassin méditerranéen. Voilà pour l’histoire. Nous sommes dans le Yémen du XXIe siècle un pays qui n’a pas connu la paix depuis plus de cinquante ans. La nouveauté est l’hubris des Saoudiens qui veulent régenter le Moyen Orient et imposer leur vision de  l’Islam  tout ceci en payant le prix fort pour avoir les faveurs des Etats Unis avec lesquels ils viennent de conclure le contrat du siècle qui nous rappelle mutatis mutandis l’accord sur croiseur Quincy arrimé sur le Canal de Suez entre le roi Ibn Saoud et le président Franklin Delanoë Roosevelt : Les saoudiens confiaient leur pétrole aux Américains qui en retour leur assurait la sécurité voir l’impunité  comme nous le voyons avec ce qui se passe au Yémen. Les saoudiens singeant l’empire ont créé une coalition hétéroclite de  va-t-en guerre musulmans pour aller punir un autre pays musulman coupable de vouloir la liberté

 

On ne s'arrêtera pas d'attirer l'attention sur un drame à bas bruit qui est la mort lente d'un peuple devant l'indifférence de l'Occident pourvoyeur en armes de potentats arabes qui se disent musulmans et qui font subir le martyre à un peuple sans défense qui voulait aspirer à se déterminer lui-même. Il nous est souvent arrivé de dénoncer la politique abjecte d'Israël vis-à-vis des Palestiniens colonisés, mais ce qui se passe au Yémen n'a rien à y envier en termes de barbarie. Au-delà de la religion et de la géopolitique, il y a l'humanité et ce qui se passe au Yémen qui subit une démolition minutieuse de la part d'une coalition au petit pied de 10 pays pieds nickelés qui montrent leurs deltoïdes de libellules en face des damnés de la Terre.

Petit rappel des causes du conflit

 

Cette description du journal, L'Express il y a deux ans nous permet de mesurer l'étendue du deux poids, deux mesures: «Deux guerres au Moyen-Orient, l'une largement médiatisée, l'autre ignorée. La Syrie et le Yémen ont pourtant des points communs: un conflit intérieur né dans le sillage des Printemps arabes, mais vite internationalisé. Des crimes commis contre la population civile et un désastre humanitaire. Dans un cas, la France et les autres pays occidentaux dénoncent avec force ces violences. Dans l'autre, Paris, Londres et Washington, non contents de garder le silence sur les bombardements meurtriers de la coalition menée par l'Arabie saoudite, continuent de lui vendre des armes. Explications de ce deux poids, deux mesures.» (1)

 

«Le Yémen, comme la Syrie, est secoué par une révolte contre son régime tyrannique, en 2011: Ali Abdallah Saleh a passé 32 ans au pouvoir - la dynastie Assad 41 ans à Damas. Au Yémen, Saleh est chassé en janvier 2012. Quelques mois plus tard, il s'allie avec la rébellion houthiste, qu'il avait combattue quand il était président. Quittant leur zone d'influence, dans le nord du pays, en 2014, les rebelles s'emparent de la capitale yéménite avant de pousser l'avantage jusqu'à Aden, dans le sud » (1)

 

« C'est pour stopper cette avancée - soutenue par l'Iran, accuse Riyadh que, à la tête d'une coalition de dix pays, l'Arabie saoudite déclenche, le 25 mars 2015, une intervention militaire. Arguant de la légitimité -contestable- du président Abd Rabo Mansour Hadi, les pays occidentaux donnent leur aval à l'opération. Autre similitude avec la Syrie, la perte de contrôle, sans doute durable, de vastes pans du territoire par les forces gouvernementales. Au Yémen, c'est au profit des Houthistes et d'Al-Qaïda. Aujourd'hui, l'internationalisation de la crise au Yémen a contribué à y creuser la fracture confessionnelle, une évolution qu'a également connue la Syrie. Le «Nord», contrôlé par la rébellion houthiste, de confession zaïdite, fait face au reste du pays, sunnite. «Des identités reconstruites, peu opérationnelles avant la guerre», selon le chercheur Laurent Bonnefoy. Ce schisme a été accentué par l'hostilité de l'Arabie saoudite, leader autoproclamé du monde sunnite, et de l'Iran chiite, impliqués, à des degrés divers, dans les deux conflits.» (1)


Le commerce florissant des armes de destruction massive  des Yéménites

 

Les massacres de masse des Saoudiens au Yémen, sont tus par les médias et par les pourvoyeurs d'armes: «La complexité du Yémen lit-on dans l'Express, a conduit les pays occidentaux à s'en désintéresser. «Ils se sont contentés de laisser filer et de sous-traiter la crise aux Saoudiens», déplore Laurent Bonnefoy. Et pas question de suspendre les juteuses ventes d'armes aux monarchies du Golfe: Riyadh est le deuxième plus gros importateur d'armement au monde, ses importations ont triplé sur cinq ans, rappelle le Grip. En 2015, 75% des armes vendues par la France l'ont été à l'Arabie saoudite. (...) «Le débat est vif au Royaume-Uni, au Canada, mais pas en France», s'interroge Cédric Poitevin. «Nos exportations d'armement sont conformes à nos engagements internationaux, notamment aux dispositions du traité sur le commerce des armes et de la position commune européenne», répond le Quai d'Orsay. Ces règles prévoient que les Etats de l'UE doivent s'abstenir «en cas de non-respect du droit international humanitaire, si la technologie exportée risque d'aggraver des conflits internes» ou «représente une menace pour la stabilité régionale». Des notions «sujettes à interprétation», selon Cédric Poitevin, qui permettent à la France de s'asseoir sur les protestations des défenseurs des droits humains» (...)L'Union européenne a imposé dès le mois de mai 2011 un embargo sur les armes à destination de la Syrie, après que la répression des manifestations avait fait plus de 600 morts. Rien de tel au Yémen, où l'Occident ne remet pas en cause la légitimité de l'intervention saoudienne, selon Cédric Poitevin, seulement ses modalités''.» (1)

 

Près de 380 milliards de dollars de contrat pour Trump tel est le deal pour laisser les Saoudiens massacrer les Yéménites en accord avec les intérêts géopolitique des USA et d'Israël, donc tout va bien... Kathy Kelly co-coordonne Voices for Creative Nonviolence accuse nommément les Etats- Unis, elle écrit: «(...) Pendant ce temps, les fabricants d'armes américains, dont General Dynamics, Raytheon et Lockheed Martin, profitent massivement des ventes d'armes à l'Arabie saoudite. En décembre 2016, Medea Benjamin a écrit: «Malgré la nature répressive du régime saoudien, les gouvernements américains ont non seulement soutenu les Saoudiens sur le plan diplomatique, mais aussi au plan militaire. Sous l'administration Obama cela s'est traduit par des ventes massives d'armes, à hauteur de 115 milliards de dollars».(...) Nous devons faire en sorte d'être assez nombreux pour que nos voix soient entendues lorsqu'elles s'élèvent en faveur des habitants du Yémen.» (2)

Pour aller plus dans l'horreur, en apprenti sorcier l'Arabie saoudite utilise des armes à sous-munition radioactive qui vont faire des dégâts avec le temps: «La coalition arabe menée par l'Arabie saoudite au Yémen a de nouveau utilisé des armes à sous-munitions dans sa guerre contre les Houthis, selon Amnesty International. Il n'y a pas de guerre «propre», mais celle menée au Yémen est particulièrement sale. (...) Régulièrement accusée d'avoir tué des civils lors de ses bombardements aériens, elle avait admis le 19 octobre avoir fait «un usage limité» de bombes à sous-munitions britanniques de type BL-755. L'Arabie saoudite avait par la même occasion fait savoir qu'elle n'utilisait désormais plus ces bombes.» (3)


Une épidémie majeure «du jamais-vu»

 

Déjà en 2016, un an après le début de l'intervention saoudienne, de 4000 à 6000 civils ont été tués au Yémen. Les ONG dénoncent une situation humanitaire désastreuse. Selon l'ONU, plus de 21 millions de Yéménites (contre 13, 5 millions de Syriens) dépendent d'une aide humanitaire d'urgence. «L'extrême pauvreté du Yémen a constitué un facteur aggravant, constate Isabelle Moussard-Carlsen de Action Contre la Faim. Avant la guerre, le Yémen importait déjà 90% de ses besoins alimentaires.» (1)

 

Pour Felipe Herrera Aguirre Metro: «Dans l'ombre du conflit, une épidémie sans précédent de choléra ravage également le petit pays de la péninsule d'Arabie. Nous sommes rendus à près d'un demi-million de cas et à près de 2000 décès. C'est une épidémie majeure, du jamais-vu. En comparaison, il y a eu 172 000 cas suspectés dans le monde en 2015, selon l'Organisation mondiale de la santé. Ici, dans un seul pays, on dépasse 500 000 cas en moins de 4 mois. Un Yéménite sur 54 aurait développé le choléra. Il s'agit d'une conséquence directe du conflit armé. Le choléra est présent dans l'eau et se transmet rapidement dans des environnements pollués (...) Il y a plusieurs défis. L'un d'eux est l'absence de respect des lois de la guerre par les différents groupes impliqués au Yémen. Viser les civils, les infrastructures comme les usines de traitement des eaux, les égouts et les hôpitaux est interdit par la loi internationale. Pourtant, cela se produit toujours. Un autre obstacle est la restriction des importations. Avant le conflit, le Yémen importait 90% de ses biens. Depuis, les importations ont diminué de moitié. Malheureusement, nous ne voyons aucun signe d'amélioration en ce moment. En matière de santé publique, avec un système de santé à genoux, on peut se demander ce qui va suivre l'épidémie de choléra.» (4)

 

Marianne Meunier de la Croix va plus loin elle écrit: «La guerre au Yémen a aggravé tous les maux du pays le plus pauvre du Moyen-Orient. Les 27 millions d'habitants que compte le Yémen n'ont aujourd'hui guère d'autre possibilité pour recevoir des soins. Deux ans et cinq mois d'affrontements entre les partisans du président élu, Abd Rabbo Mansour Hadi, épaulés par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, et les rebelles houthistes, soutenus de façon distendue par l'Iran, ont eu raison de l'infrastructure sanitaire du pays, qui fonctionne à 45% tout au plus. Ayant tué près de 8 000 personnes, les combats ont aussi fait près de 45 000 blessés Une situation qui a conduit le Conseil de sécurité des Nations unies à évoquer, le 9 août, un risque de famine. le choléra, réapparu en avril dernier après une première épidémie en 2016, qui a contaminé plus de 450 000 personnes et fait plus de 2 000 morts » (5).

 

« La saison des pluies, en cours, pourrait favoriser sa prolifération et porter le nombre de malades à 600 000 d'ici à la fin de l'année, prévient le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr). Le blocus accentue la difficulté du travail des ONG. Celles-ci peuvent accéder au pays par le port d'Aden, dans le sud, et l'aéroport de Sanaa, Au début de l'année, les Nations unies ont lancé un appel à l'aide pour le Yémen. Sur les 2,1 milliards de dollars (1,79 milliard d'euros) espérés, 1,1 milliard de dollars (940 millions d'euros) a été promis, pour l'essentiel lors d'une conférence organisée à Genève, en avril. L'Arabie saoudite a promis de verser plus de 33 millions de dollars (28 millions d'euros) à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour lutter contre la maladie.» (5)


La terreur au quotidien

 

Peut on s’habituer à la mort au quotidien ?  Assurément  non !  Pourtant nous nous apercevons que l’horreur devient  chaque fois plus « horrible » à chaque nouveau massacre Pour rappel Une frappe ayant visé une cérémonie de funérailles à Sanaa en octobre 2016 avait fait plus de 140 morts, tous des civils.Quelles sont ces lois de la guerre et autres conventions de Genève sur la protection des civils ? Et que valent -t-elles ?  Quand on apprend que des civils   dont des enfants, ont fait hier encore les frais de la guerre d’agression menée par l’Arabie Saoudite au Yémen, qui ont fait état de la mort d’au moins 16 personnes lors d’un raid de l’aviation de la coalition arabe, dirigée par Riyad depuis mai 2014.

Lyès Menacer  du journal Liberté nous en parle : « Au moins 22 autres personnes ont été blessés lors de ce raid qui visé un immeuble dans la circonscription d’al-Wihda, selon l’agence de presse yéménite Saba. D’importants dégâts matériels ont été également enregistrés lors de quatre autres frappes aériennes sur d’autres quartiers dans la capitale Sanaa, selon la même source. Ce bilan s’ajoute à celui fourni par l’ONU jeudi et qui a fait état de la mort d’au moins 58 civils en moins d’une semaine (du 17 au 24 août), a dénoncé le Haut-Commissariat de l’ONU au droit de l’homme, dans un communiqué. Parmi les victimes de ces bombardements figurent des enfants, a ajouté l’organisation onusienne. Mohamed Ahmed, qui habite dans l'un des bâtiments détruits par l’aviation saoudienne   a raconté à l'AFP avoir avec d'autres résidents retiré neuf corps des décombres dont des enfants d'une même famille et les avoir transportés à l'hôpital. Quand la roquette est tombée, un des bâtiments s'est immédiatement écroulé, entraînant la destruction du second, a témoigné M. Ahmed. D'après lui, des habitants ont pu se sauver à temps, d'autres ont en revanche ont été bloqués sous les décombres.   (…) Depuis le début de la guerre au Yémen fin 2013, les civils ont constitué les principales victimes de ce conflit interne, opposant les Houthi au président Abd Rabbo Mansour Hadi (…) Mercredi, un raid qui a visé un hôtel près de Sanaa qui a fait 33 morts, alors que six autres civils ont péri dans un autre raid contre une maison dans la province de Sanaa. Selon l'ONU, “dans tous les cas mentionnés, des témoins ont affirmé qu'il n'y avait eu aucun avertissement qu'une attaque était imminente”. “En 2017, le nombre de raids par mois est trois fois supérieur à l'an dernier et les affrontements armés recensés chaque mois ont plus que doublé”, s'est inquiété vendredi dernier le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Stephen O'Brien » (6)

 

La guerre au Yémen, un spectacle sportif?

 

Le témoignage pathétique de Shireen Al-Adeimi née à Aden, dans le sud du Yémen. Elle prépare actuellement un doctorat à la Harvard Graduate School of Education. Le texte ci-dessous est un Twit qu'elle a publié le 11 août 2017.: «La guerre contre le Yémen fait rage, pourtant, le sort des Yéménites ne reçoit toujours pas l'attention qu'il mérite de la part des médias et des politiciens. Alors que les riches Etats arabes bombardent le Yémen avec des armes sophistiquées (achetées à l'Occident) et embauchent des mercenaires pour leurs troupes au sol, beaucoup de gens et d'organes (par exemple, l'ONU) ont peur de s'opposer aux Saoudiens parce qu'ils ont besoin de leur argent ou parce qu'ils sont eux-mêmes impliqués dans le conflit et / ou en profitent (par exemple, les Etats-Unis et l'Angleterre) » (7)

 

« Alors, l'ONU exprime ses «inquiétudes» et le Royaume-Uni son désir de «trouver une solution politique», tout en se remplissant les poches du prix du sang des Yéménites. Le Yémen est-il devenu un spectacle sportif? Depuis deux ans et demi, les corps émaciés des enfants yéménites ou leurs cadavres envahissent nos écrans. Est-ce de l'impuissance ou de l'indifférence? Je ne sais pas. Sommes-nous «loin des yeux, loin du coeur»? Je ne sais pas. Quelqu'un m'a dit, une fois, que les enfants yéménites n'étaient pas assez «photogéniques» pour susciter de l'empathie. Est-ce du racisme, de la discrimination? Je ne sais pas. Ou bien, les portefeuilles yéménites ne sont pas assez bien remplis pour acheter ou exiger l'attention, la condamnation et l'action du reste du monde? Je ne sais pas non plus.» (7)

 

«Ce que je sais, conclut l’étudiante yéménite aux Etats Unis, c'est que le monde nous regarde. Il regarde nos enfants mourir de maladies guérissables comme le choléra parce qu'ils n'ont pas accès à de l'eau potable. Il regarde nos enfants mourir de faim au milieu d'immenses richesses mondiales parce que leurs parents n'ont pas les moyens d'acheter le peu de nourriture encore disponible. Il regarde nos concitoyens, enfants, femmes et hommes, se faire tuer par les raids aériens des Saoudiens soutenus par les États-Unis, sur leurs maisons, leurs écoles et leurs hôpitaux. Et lorsque nous demandons seulement que nos articles soient diffusés plus largement, on nous envoie promener (on m'a répondu qu'il n'y a que quelques dizaines de personnes qui s'intéressaient). Je pleure les enfants dont les petits corps ont abandonné le combat de la survie pendant les quelques minutes que vous avez passées à lire ce twit. Et je prie pour le Yémen.» (7)

 

Ceci rappelle l'indifférence de l'ONU de Koffi Annan devant la mort de 500 000 enfants,du fait d'un embargo inhumain, mais c'était pour Marguerite Albright le prix à payer pour faire partir Saddam. Aux dernières nouvelles il n'y a pas d'avancée pour la paix. L'Iran, accusé de soutenir au Yémen les rebelles chiites Houthis, ne peut pas contribuer à une solution dans ce pays en guerre, a affirmé le 21 aout 2017 à New York le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abdulmalik al-Mekhalafi adoubé par la «coalition». L'Iran est une partie du problème, pas la solution

 

Il y a deux ans j'écrivais ces lignes qui n'ont pas pris une ride Que dire en conclusion? La situation n'est pas limpide loin s'en faut! Cependant, quelques faits objectifs: les potentats arabes ont atteint le fond en termes de dignité. Au lieu d'être fascinés par la science et le savoir, ils s'équipent jusqu'aux dents pour porter la guerre soit à leur peuple soit entre eux. Qu'il nous suffise de savoir que l'Arabie saoudite a acheté aux Etats-Unis pour plus de 70 milliards de dollars d'armement »(8)

 

Il en est de même des autres potentats qui dépensent l'équivalent de 200 milliards de dollars en armes fournies gracieusement par un Occident qui divise pour régner. Les Iraniens; eux, sont une puissance technologique qui avance malgré toutes les entraves occidentales et israéliennes. Quel est le pays arabe qui peut lancer des satellites? Qui peut fabriquer son propre armement? Qui peut maîtriser l'atome? En définitive, ces rodomontades n'augurent rien de bon. C'est à se tordre de rire si ce n'est pas tragique d'apprendre la résolution des pays arabes qui s'inventent une force d'intervention rapide pour mater toutes les remises en cause d'un Ordre, celui des tyrans en place, mais plus globalement celle de l'Empire qui adoube, série, dicte norme, décide du bien et du mal. Les peuples arabes n'ont pas des dirigeants éclairés, c'est cela leur malheur. Ce n'est pas demain qu'ils se décoloniseront mentalement. Le spectre de schismes de l'Islam est un faux nez, la seule vraie révolution qui aurait pu en son temps réussir, ce fut celle de la résurrection «El Baâth» d'un Monde arabe nationaliste, qui n'instrumente pas la religion. Les Nasser, les Saddam, les Assad, et même le trublion Kadhafi, avaient une certaine idée de l'Etat de la Nation arabe. Nous savons tous comment ils furent éliminés.» (8)

 

Rien à ajouter si ce n'est que le nombre de Yéménites qui sont morts a été décuplé. On dit que parmi les signes de la fin du monde musulman il y aura un feu du côté du Yémen, serait-ce ce signe?

1. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/conflit-au-yemen-conflit-en-syrie-deux-poids-deux-mesures_1776015.html


2. http://www.counterpunch.org/2017/03/22/reality-and-the-u-s-made-famine-in-yemen/


3. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/yemen-la-coalition-arabe-persiste-a-utiliser-des-armes-a-sous-munitions_1887335.html


4. http://journalmetro.com/monde/1186745/cest-une-epidemie-majeure-du-jamais-vu-au-yemen/


5.Marianne Meunier, http://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/Yemen-catastrophe-desastre-2017-08-20-1200870760 .

 

6. Lyès Menacer  http://www.liberte-algerie.com/international/qui-arretera-les-massacres-saoudiens-au-yemen-276117

 

7.Shireen Al-Adeimi           http://www.moonofalabama.org/2017 /08/-shireen-al-adeimi-has-the-war-in.

 

8. Chems Eddine Chitour  https://www.legrandsoir.info/le-yemen-dans-la-tourmente-adieu-l-arabie-heureuse.html

 

Article paru sur le journal  http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/274169-le-monde-civilise-regarde-ailleurs.html

 

Pr.C.E. Chitour

Ecole Polytechnique Alger

 

 

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